Julien est un enfant de 3 ans dans le groupe des lutins coquins. Julien se montre relationnel avec ses amis et l’éducatrice. Il s’approche de l’adulte, fait des demandes, cherche les contacts physiques en s’assoyant sur l’éducatrice, regarde les enfants du groupe et imite leurs jeux. Il aime aussi créer des liens avec de nouvelles personnes du CPE en demandant leurs noms, en faisant des échanges de sourires. Par contre, il démontre une certaine maladresse lorsqu’il prend contact avec de nouvelles personnes. Il parle vite, il court dans le local, lance parfois des jouets. Le plaisir qu’il éprouve à rencontrer des gens s’exprime par de l’agitation, de l’excitation. Il en oublie la consigne du rangement et va même jusqu’à déplacer les chaises et générer du désordre dans le local. Élyse, son éducatrice, trouve que les comportements de Julien dérangent beaucoup le fonctionnement du groupe et se questionne sur ses propres attitudes face à l’enfant.
- Est-ce que les enfants blâment Julien d’un bris de jouets ou d’une ? alors qu’il est absent lors de l’incident ?
- Est-ce que j’accorde de l’attention au porte-panier qui rapporte les faits et gestes de Julien ?
- Est-ce-que je dis à Julien que c’est ENCORE lui qui dérange ?
- Est-ce que j’interviens souvent à distance ?
- Est-ce que je trouve que la journée se passe mieux lorsqu’il Julien est absent ?
- Est-il difficile pour moi de voir les forces de Julien ?
- Est-ce que je lui porte la même attention qu’aux autres enfants du groupe ?
- Est-ce que je lui porte attention seulement lorsqu’il dérange ?
- Mon expression non-verbale est-elle différente avec Julien ?
- Est-ce que je parle de Julien aux autres éducatrices en présence de Julien ou des autres enfants ?
- Est-ce que l’information que j’ai eue de Julien avant qu’il soit dans mon groupe aurait pu nuire à son intégration ?
- Est-ce que je lui accorde suffisamment de temps ?
Savez-vous que votre opinion, vos gestes, vos attentes, votre regard et vos paroles influencent les rapports de l’enfant au sein du groupe. Certaines attitudes éducatives peuvent être rejetantes et nuire à l’acceptation de l’enfant différent au sein du groupe. Le simple fait de nommer un enfant par son prénom plusieurs fois par jour dans le groupe attire l’attention des autres. Le groupe reconnait alors que cet enfant est différent dans ses comportements et dérange l’adulte dans sa façon d’être. Le désir des enfants est de plaire à l’adulte et ce sans être conscient de l’impact de leurs paroles sur l’enfant ciblé. L’éducatrice doit réagir avant de développer de l’antipathie. Il faut donc faire des efforts pour identifier ses forces en les nommant devant les autres, mettre l’enfant dans un contexte de réussite, valoriser l’enfant pour ses bonnes idées, intervenir davantage à proximité pour le protéger des regards des autres et ainsi préserver son image. Accordez moins d’importance aux situations qui vous sont rapportées. Démontrez le plaisir que vous avez à jouer avec lui. Parlez de l’enfant aux autres éducatrices de façon positive. Ces actions vous permettront de voir Julien différemment et surtout de protéger une image positive de cet enfant aux yeux de ses pairs.
Élyse reconnaît qu’elle doit faire du travail sur elle pour changer certaines de ses attitudes qui nuisent à l’intégration de Julien dans le groupe.
Il est normal de rencontrer dans votre pratique un enfant qui vous dérange plus que les autres. Votre rôle est de vous dépasser en posant des gestes significatifs pour le découvrir. Être professionnelle ce n’est pas de les aimer tous mais bien de les estimer tout en répondant à leurs besoins spécifiques.
Élyse sait maintenant que Julien lui a permis d’avancer, elle s’en souviendra longtemps ….
Sachez respecter l’éthique professionnelle en éducation en donnant une chance égale à chacun des enfants de se faire découvrir.
Un enfant qui grandit, une éducatrice qui s’accomplit !!!
À lire : Enfant étiqueté, enfant rejeté Partie 2, par Sylvie bourcier