Notre enfant de quatre ans se comporte tellement mal en public que nous nous résignons de plus en plus souvent à l’exclure des sorties en public. La dernière sortie au restaurant a été catastrophique. Il s’est caché sous la table, a couru dans les allées, a crié. Tout le monde nous regardait. Les visites à l’épicerie sont aussi pénibles. Devons-nous attendre qu’il soit plus vieux pour l’amener au restaurant? Y a-t-il des moyens pour faire cesser ce supplice?
Que ce soit à l’épicerie, chez le médecin, au salon de coiffure ou au restaurant, les excès de nos enfants intimident bien des parents. Le regard des autres, témoins de la scène, induit tout un stress. Nous sommes sensibles au fait que le comportement de notre enfant incommode d’autres personnes.
Les difficultés éprouvées par les parents en public sont parfois le reflet d’une attitude éducative laxiste à la maison. Dans ce cas, la sévérité occasionnelle du parent lorsque son enfant se montre désagréable en public ne réussit pas à modifier les comportements dérangeants de l’enfant. L’enfant habitué au laisser-faire s’attend à ce que ses désirs soient satisfaits et considère le frein apposé dans le contexte de la sortie comme une injustice, un accro à ses habitudes. Il réagit fortement, se désorganise davantage.
Mais nos petits diablotins en public ne sont pas tous des enfants-rois. D’autres raisons peuvent expliquer les comportements perturbateurs émis en public. Les adultes occupés à se parler au restaurant ou concentrés à trouver des aliments inscrits sur la liste d’épicerie ignorent parfois les enfants sages mais soulignent rapidement les bêtises. Alors l’enfant sage qui veut être reconnu, remarqué comme un participant à l’activité se transforme en petit diable pour obtenir l’attention.
D’autre part, on exige quelquefois aux enfants d’être tranquilles et obéissants durant une à deux heures. Cette attente est irréaliste pour un enfant de quatre ou cinq ans. Surtout que dans un contexte nouveau, les sources de stimulation et les tentations sont nombreuses pour nos petits explorateurs. Il est donc normal que l’adulte ait à dire non plus fréquemment en public puisque l’enfant est sollicité de part et d’autres par de nouvelles odeurs, couleurs, sons, des inconnus donc un nouvel environnement riche de potentielles découvertes. Il a donc besoin d’apprendre que les limites et les consignes émises à la maison font aussi force de loi à l’extérieur.
N’oublions pas que ce novice de la vie n’a pas grande expérience des us et coutumes de la vie mondaine. Il n’a pas eu beaucoup l’occasion de pratiquer le comment faire et le quoi dire en public dans sa courte vie. C’est pourquoi, il est important de lui faire revivre une situation même si la dernière expérience s’est avérée désastreuse. Par exemple, si la dernière visite à l’épicerie s’est soldée par une course dans les allées, des étalages renversées, retournez à l’épicerie pour une courte durée pour acheter deux à trois items et mettez des conditions afin de lui faire vivre du succès dans cette expérience. Aidez-le à anticiper ses désirs et dites clairement vos règles. «Tu vas avoir le goût de courir dans les grandes allées et de secouer les différentes boîtes de céréales pour savoir s’il y a des surprises à l’intérieur. Je sais que tu es capable de rester près de moi, les mains dans tes poches.»; ou encore «on va aller au restaurant prendre un jus. Tu pourras choisir la saveur que tu veux. Je veux que tu restes assis le temps que nous buvions.» L’enfant a alors l’occasion de pratiquer les bonnes manières et de vivre du succès. Vous augmentez peu à peu la durée de la sortie. Vous pouvez aussi jouer au restaurant à la maison en créant un climat particulier (lumière tamisée, chandelles, condiments sur la table, vêtements appropriés à une sortie). Il est essentiel de féliciter l’enfant lors des pratiques et même de lui manifester votre fierté et votre joie en lui offrant une occasion de lui faire plaisir. «J’ai été très heureuse de manger au restaurant. Tu es resté assis, tu as mangé et parlé avec nous. Je me suis reposée. Ça m’a fait très plaisir. Je pense que tu aimerais qu’on aille faire un petit tour au parc.» Les sorties se dérouleront mieux si vous impliquez l’enfant dans l’activité. Par exemple, vous apportez un petit sac à surprises au restaurant que vous remettrez à l’enfant après avoir dit ce que vous voulez manger. Petits casse-tête, crayons, papier, petites figurines, livres sauront faire patienter votre enfant. À l’épicerie, proposez à votre enfant le petit panier pour futur client ou encore demandez-lui la boîte de tomates, de tenir les boîtes de mouchoir ou encore de repérer sa boîte de biscuits préférés.
Si malgré tout, votre enfant se métamorphose en tyran durant une sortie en public, agissez rapidement dès les premiers signes d’agitation. N’attendez pas l’escalade des négociations qui aboutira à des cris. Retirez-vous dans l’auto, à la salle de bains, à l’extérieur du magasin et parlez-lui. S’il vous semble disponible et coopératif, offrez-lui une chance de se reprendre. Indiquez-lui clairement quelle est la prochaine étape. «Tu choisis, marcher près de moi à côté du panier ou t’asseoir dedans» ou encore «Tu t’assoies à la table et tu me laisses terminer mon repas. Je me repose tranquillement maintenant ici ou à la maison quand tu seras dans la chambre seul.» La sortie ratée doit amener une conséquence afin que l’enfant apprenne que ses écarts de conduites ne sont pas acceptés même s’il a profité de l’impuissance passagère de ses parents lors de la sortie.
La réclusion à la maison n’est pas la solution. La solution repose sur l’apprentissage des règles de vie par l’enfant et sur la sensibilité des parents à la faible tolérance des petits à l’attente inactive et à leur besoin d’attention.
Amusez-vous bien en famille puisqu’elle est le premier lieu d’apprentissage aux règles de notre société.
Source :
Dumesnil, F. (2004) Questions de parents responsables. Les Éditions de l’Homme, 247 p.
Webster-Stratton, C. (2001) The incredible years. A trouble-shooting Guide for parents of children aged 3-8. An Umbrella Press Publication.