Dans l’article précédent, Maryse, une éducatrice avait statué sur différents moyens d’interventions pour aider la petite Élaine. Voyons maintenant, après un mois de mise en application du plan d’intervention, les changements que Maryse a pu observer dans les comportements d’Élaine.
Pour Maryse, et beaucoup d’éducatrices, l’observation est un acte spontané et naturel. Par un simple coup d’œil, elle croit obtenir les informations nécessaires pour bien intervenir auprès des enfants de son groupe. Malheureusement, il en est tout autrement en observation. En effet, l’expérience ne suffit pas pour avoir un portrait juste et global de l’enfant. Il est facile de se tromper en observation puisque nos perceptions font partie de nous et qu’il est donc difficile d’en faire abstraction. Par contre, l’éducatrice peut s’outiller pour recueillir des faits avec le plus d’objectivité possible et ainsi rendre justice à l’enfant qu’elle observe. C’est d’ailleurs grâce une grille d’observation que Maryse a pu constater des changements dans le comportement de la petite Élaine.
L’observation systématique qui consiste à observer l’enfant à l’aide d’une grille n’est pas suffisamment utilisée dans nos milieux de garde. Non pas par manque d’intérêt mais plus par manque de temps. Souvent les grilles proposées sont complexes pour observer globalement un comportement. Il peut être pertinent de travailler avec des outils plus précis pour analyser des problématiques plus difficiles. Par contre, pour mieux connaître le développement d’un enfant, identifier ses acquis et en apprendre plus sur l’enfant, certains outils plus simples à compléter peuvent être intéressants pour l’éducatrice.
L’observation est souvent perçue comme un outil d’intervention auprès de l’enfant plus difficile. Elle peut aussi servir à reconnaître les acquis de l’enfant afin de mieux le stimuler et le soutenir dans ses apprentissages. Dans un groupe, tous les enfants doivent être observés sans exception. Trop souvent l’éducatrice observe uniquement l’enfant qui la préoccupe ou qui dérange. Il est important de planifier et d’organiser une période d’observation dans le cadre de son horaire de travail. Les moments de vie de l’enfant propices à l’observation sont l’accueil, les jeux libres, les routines, etc.
Pour avoir un portait global et identifier l’évolution de l’enfant, il est nécessaire de compléter les grilles de 2 à 3 fois par année, soit de septembre en décembre et refaire le même exercice de janvier en mai. Par souci d’objectivité, il est conseillé de comparer nos données d’observations avec une collègue pour un enfant qui vous questionne davantage. Le but de cet exercice est de vous permettre d’avoir plus juste.
Pour Maryse, observer Élaine dans un contexte de planification lui a permis de voir les forces de l’enfant et de mieux comprendre ses réactions dans différents moments de vie. C’est à l’aide d’une fiche d’observation type que Maryse a pu découvrir que la petite Élaine vivait des difficultés dans les changements durant la journée.
Pour chacun des moments de vie tel qu’il est présenté sur la fiche d’observation, l’éducatrice peut noter des éléments sur le développement de l’enfant, sa relation avec les autres (parents, enfants, éducatrice), ses intérêts et goûts pour le jeu, ses réactions, ses attitudes, son tempérament, son autonomie et sa capacité d’adaptation.
Exemple de fiche d’observation(1)
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Ce sont des pistes qui permettent à l’éducatrice d’orienter ses observations. Par exemple, il est possible de voir à l’accueil: l’attachement de l’enfant à son parent, la sécurité ou l’insécurité de l’enfant face au CPE, les attitudes éducatives parentales, l’opposition de l’enfant envers son parent, l’autonomie de l’enfant, sa capacité de rentrer en relation avec ses pairs, son adaptation, sa disponibilité affective. Cette fiche peut être complétée de 2 à 3 fois pour chacun des enfants pour obtenir un portrait plus complet de l’enfant. À la suite de l’exercice, si l’éducatrice remarque chez l’enfant une difficulté, elle peut poursuivre ses observations en complétant une fiche d’observation davantage ciblée sur certains comportements de l’enfant.
Exemple de fiche d’observation (2)
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L’utilisation de ces grilles permet à l’éducatrice de voir les choses plus objectivement en évitant de généraliser les faits et de porter des jugements; par exemple, elle ne joue jamais avec les autres, il pleure toute la journée, il fait toujours mal aux autres, etc. Ces interprétations viennent teinter nos attitudes avec l’enfant.
Maryse réalise qu’observer est bien plus que regarder. C’est voir, bien voir, entendre, bien entendre, mais surtout éviter les interprétations. Rendons justice à l’enfant dans nos observations, en lui permettant de se faire connaître tel qu’il est. Sachez qu’une grille d’observation vaut bien des interprétations….
Petite référence qui peut être utile dans votre démarche d’observation:
L’observation de l’enfant en milieu éducatif, Denise Berthiaume, Gaëtan Morin éditeur, 2004, 288 pages.