Nadine, 4 ans, fréquente mon milieu de garde depuis plus de six mois. C’est une enfant qui se développe bien. Elle s’exprime avec aisance et est appréciée du groupe d’enfants. Régulièrement, elle sollicite mon attention en disant qu’elle s’est fait mal mais les bobos sont invisibles! Je la retourne donc au jeu prestement. Cette comédie dure et je ne sais plus quoi faire pour que son manège s’arrête.
Derrière ce comportement, vous avez su décoder le besoin d’attention soit celui d’être reconnu comme unique et aimé pour ce qu’il est.. Ce comportement parle d’un mal-à-dit (1)
À travers ses bobos invisibles, l’enfant nous dit qu’il a mal à son être, qu’il ne se sent pas reconnu et aimé. Ce malaise ressenti par l’enfant est légitime; peut-être trouve-t-il son origine dans sa difficulté de prendre sa place au sein d’un groupe puisque à la maison, comme enfant unique, il est le centre. Ce besoin d’attention peut aussi trouver sa source dans sa difficulté à se situer dans la cellule familiale depuis l’arrivée d’un nouveau-né ou dans le contexte d’un parent malade ou moins disponible. L’enfant a remarqué que les bobos suscitent l’attention, des soins et du réconfort; en simulant un malaise, bobo ou mal de ventre par exemple, il cherche donc à en obtenir
Les plaintes continuelles inquiètent les parents qui consultent. «Il me fait une otite.» «Il me couvre une gastro.» Ce discours ramène le malaise de l’enfant à l’adulte. L’enfant émet un message: «Remarque-moi, prends soin de moi, je suis inquiet de la place que j’occupe maintenant dans ton cœur.» Le constat de bonne santé émis par le médecin et le temps perdu à attendre à la clinique suscitent de l’impatience. «Va jouer, tu n’as rien. C’est assez le pleurnichage!» L’enfant en quête d’attention cherchera à nouveau à transmettre son message.
Il faut donc décrypter le message et donner à l’enfant une réponse à son besoin exprimé maladroitement. «Je ne vois pas ton bobo. J’ai l’impression que tu me parles de bobo pour que je prenne soin de toi. Tu sais, il n’est pas nécessaire d’être malade pour être aimé. Tu peux dire prends-moi, berce-moi, viens jouer avec moi, remarque ce que j’ai accompli, console-moi ou rassure-moi.»
D’autres enfants ont observé de la fierté chez leurs parents, lorsqu’ils se blessent à cause de leurs prouesses. Agacement du parent qui doit se rendre à la clinique pour des points de suture mais aussi fierté face au petit casse-cou qui se montre intrépide, aventureux et imaginatif. Ces blessés légers de l’exploration se distinguent bien de ceux qui se mettent en danger à répétition pour qu’on soit obligé d’agir. Ces blessés graves du manque d’amour ont besoin d’une aide psychologique qui se penchera sur le fonctionnement de la famille.
Derrière les petits bobos, il y a les petits bisous et surtout la nécessité d’une reconnaissance du besoin d’être reconnu et d’un apprentissage à exprimer clairement le besoin d’être sécurisé face à l’amour.