Ma mère adore ma fille et la gâte beaucoup. Elle la garde souvent et répond à ses caprices à un tel point que Naomie réclame sa mamie lorsqu’elle est contrariée. J’apprécie beaucoup la disponibilité de ma mère mais j’hésite à lui parler de mon malaise. Dois-je insister pour qu’elle suive les règles de conduites que j’impose à ma fille ou la laisser être une mamie-gâteau?
Nous chérissons tous les douces mamies tendresse qui entourent nos enfants de rire, de bisous, de regard bienveillant. Elles héritent parfois de nos chérubins lorsque nous sommes captifs dans une réunion ou heureux dans un week-end amoureux. Les grands-parents sont les témoins privilégiés de l’épanouissement de nos enfants. Ils prennent le relais et dans certaines circonstances deviennent le refuge stable et rassurant des enfants qui vivent dans une famille en mutation.
En général, quand les choses sont claires et que les relations entre parents et grands-parents s’établissent sainement, l’enfant sait très bien qui est maman et qui est mamie. Le jeune enfant ne s’explique pas pourquoi chez mamie c’est oui pour telle chose alors qu’avec maman c’est non mais il reconnaît les distinctions et respecte les limites de chacune. La mamie ne vit pas la quotidienneté, l’intimité avec l’enfant et se montre quelquefois plus tolérante. Parfois elle voit l’éducation autrement, ce qui surprend d’ailleurs la mère qui a elle-même vécu comme enfant dans un cadre éducatif bien différent de celui prôné par la mamie avec sa petite fille.
La mamie-tendresse n’est pas avare de gâteries, de privilèges mais ne dénigre pas les principes d’éducation de sa fille. «Aujourd’hui, elle était un peu fatiguée, je lui ai laissé écouter la télévision» ou encore «Elle a bien mangé ses légumes, je lui ai donné deux portions de dessert. On a fait un petit spécial hein ma puce!» Les spéciaux sont des mesures exceptionnelles qui se déroulent dans un climat relationnel de complicité avec l’enfant et ça c’est de l’amour.
Dans son territoire, la mamie peut exercer son autorité avec un peu plus de latitude mais elle devra cependant respecter les attitudes éducatives des parents devant l’enfant. Le premier répondant de l’enfant demeurant le parent. Le pouvoir éducatif appartient aux parents, le problème se pose lorsque les grands-parents ont l’impression qu’on leur a cédé le rôle éducationnel. La mamie qui défend les écarts de conduite de l’enfant devant lui ne pense qu’à dorer son image et embellir sa relation avec l’enfant. Elle ne prend aucunement en considération les conséquences des comportements de l’enfant dans le futur.
Le grand-parent se définit d’abord comme parent envers ses propres enfants; c’est à travers eux qu’il est devenu grand-parent. Le grand-parent qui respecte son enfant ne cherche pas à établir une proximité affective avec ses petits-enfants à l’insu de ses parents et surtout en marge de l’encadrement éducatif offert par eux.
Mamie-gâteau offre des douceurs qui ne nuisent pas à la santé et au bien-être de sa petite fille, pourquoi pas? Lorsque la petite fille aura grandi, la mamie se montrera peut-être aussi généreuse de recommandations, ce qui risque d’agacer l’adolescente en quête de liberté. Si par contre, la mamie-gâteau est intrusive qu’elle s’immisce dans votre relation mère-fille en dénonçant devant l’enfant vos façons de faire, si votre fille est devenue pour elle «ma fille, ma raison de vivre», qu’elle se soustraie des règles incontournables que vous lui avez énoncées alors une discussion d’impose. Il est difficile de s’adresser à nos propres parents qui avouons-le nous rendent de grands services. Le tact est de rigueur et nous devons exprimer la reconnaissance du privilège d’avoir leur aide, leur présence au sein de notre famille. Il faut établir des normes communes, échanger sur les limites incontournables reliées à la santé et au bien-être de l’enfant tout en mettant ces normes dans leur contexte. S’agit-il de visites occasionnelles, hebdomadaires ou prolongées? N’oublions pas que ces valeurs que nous voulons transmettre à nos enfants proviennent en grande partie de l’éducation que nos propres parents nous ont offerte. La contribution réelle des grands-parents qu’on néglige souvent de souligner est celle de nous avoir donné des valeurs, d’avoir développé avec nous nos compétences, nos qualités qui nous permettent maintenant d’être un bon parent auprès de nos enfants.