Ma femme et moi ne partageons pas la même opinion concernant le père Noël. Doit-on entretenir le mythe ou dire la vérité dévoilée inévitablement un jour ou l’autre?
Le tout-petit entretient dans sa pensée magique le beau rêve d’un père Noël généreux au rire gras. Sa visite est entourée de rites: biscuits, lait, liste de cadeaux, lettre au pôle Nord, pyjama rouge, bas suspendus. Ces rites préparent le cœur à ce moment d’excitations. Le père Noël, la fée des dents, le lapin de Pâques, habitent l’enfance et alimentent l’imaginaire du petit. La distinction entre la réalité et la fiction se fera par un apprentissage progressif. L’ami imaginaire, le père Noël et les jeux de faire-semblant (être Batman, chevalier, princesse ou dragon) disparaîtront peu à peu et feront place aux jeux de société, de règles, aux idoles du sport ou de la musique. Ne précipitons pas la divulgation de la vérité, préservons l’enfance aux enfants. La question de l’existence du père Noël viendra de votre enfant, d’abord sous forme de doute puis en affirmation. Si vous sentez votre enfant hésitant dans le doute demandez-lui ce qu’il en pense. Et toi qu’en penses-tu? Sa réponse saura vous indiquer s’il a encore besoin d’entretenir cette magie. Quant à moi, le vrai père Noël est dans mon cœur et je regrette de ne plus être un enfant. Peut-être ressentez-vous cette nostalgie à l’arrivée du temps des fêtes ? Je partage l’opinion de Bruno Bettleheim. «Il faut laisser le petit enfant croire au Père Noël, aux œufs de Pâques et à la petite souris, parce qu’ils lui permettent d’ajouter une ferveur émotionnelle à d’importants concepts qu’il développera plus tard. Nous savons tous par expérience que nos idées se rapportant à Noël sont passées du Père Noël et sa hotte à l’esprit de générosité, du plaisir de recevoir des cadeaux à celui d’en offrir aux autres».
Source: Bettleheim, B. (1998) «Pour être des parents acceptables» Hachette Pluriel