
Preschooler enjoying playing with his airplane toy
Inévitables au quotidien, les moments où l’on passe d’une activité à l’autre, d’un lieu à un autre, ou d’une étape à une autre sont souvent sources de stress, d’anxiété et d’agitation. Ces transitions mettent à l’épreuve notre capacité à mettre fin à une activité, à quitter un environnement, ou à dire au revoir à des personnes. Énergivores, elles suscitent une multitude d’émotions et interpellent les capacités d’adaptation tant chez les adultes que chez les enfants. Cependant, chez ces derniers, le coffre à outils d’habiletés motrices, cognitives, langagières et socio-affectives est encore en plein développement.
Accompagner les enfants durant ces transitions nécessite une planification et une préparation minutieuse, de la clarté, de la guidance (par le modelage et le soutien), ainsi que de la proximité et beaucoup de créativité. Selon Nicole Malenfant, « les routines et les transitions occupent une place considérable dans la vie en CPE et en garderie. Des moments tels que le lavage des mains, la préparation des collations ou des repas, la sieste et le rangement sont autant d’occasions de favoriser divers apprentissages contribuant au développement global des enfants de 0 à 5 ans. »
Lors des transitions, l’enfant mobilise sa mémoire de travail pour se rappeler les consignes, son attention pour se concentrer sur la tâche, et sa capacité d’autorégulation physique et émotionnelle dans les moments d’attente, de proximité et d’interactions. La capacité d’attention, permettant de rester concentré malgré la fatigue, les distractions ou l’ennui, varie significativement avant l’âge de 5 ans. Pour un enfant de 1 à 3 ans, cette attention peut durer de quelques secondes à 2 ou 3 minutes, tandis qu’un enfant de 5 ans peut se concentrer jusqu’à 10 minutes.
Nancy Doyon souligne que « l’enfant de trois à cinq ans est centré sur le moment présent, éprouvant des difficultés à anticiper ce qui va suivre. Selon son tempérament, il peut avoir du mal à prévoir les activités à venir et à adapter ses réponses émotionnelles lors des transitions. »
Une transition représente le moment de passage entre deux actions, un intermédiaire qui ne devrait pas s’étendre dans le temps. Au début de l’automne, les transitions sont souvent plus longues, car les enfants n’ont pas encore intégré de repères et manquent de pratique. Elles nécessitent alors un soutien bienveillant. Dans le cadre d’une évaluation de la qualité, une transition de 10 minutes est jugée inadéquate si les enfants n’ont rien d’autre à faire (chanter, mimer, manipuler…). Proposer d’aller au coin lecture lors des transitions est une option, mais il est essentiel de ne pas réserver l’accès aux livres à ces moments seulement. Pour cultiver le plaisir de lire et la curiosité de décoder les messages écrits, il est préférable d’offrir des temps agréables et non précipités entre deux activités.
Voici quelques stratégies pour aider l’enfant à mieux vivre les transitions au quotidien :
- Établir une routine afin que l’enfant sache à quoi s’attendre, ce qui réduit l’anxiété et favorise la collaboration.
- Avoir deux ou trois consignes à la fois, pas plus
- Utiliser des pictogrammes (photos ou images) représentant la routine ou la transition, avec des étapes numérotées pour soutenir la mémoire de travail.
- Prévenir l’enfant d’une transition imminente avec un repère temporel : dans 10-5 minutes, 2 minutes ; utiliser une minuterie, se référer aux aiguilles de l’horloge ou à un sablier.
- Indiquer à l’enfant les avantages d’une exécution rapide en utilisant des conséquences logiques : « Si tu ranges ton matelas maintenant, tu pourras choisir un jeu tout de suite après ».
- Renforcer et encourager l’enfant : « Bravo, tu regardes le pictogramme pour t’aider ! » ; « Je vois les efforts que tu fais pour attendre, super ! »; Faire un pouce levé à l’enfant qui marche calmement…
- Associer des notions de plaisir aux moments de transition : S’habiller avant que la minuterie sonne; chanter pendant le déplacement ou le rangement; adopter des démarches d’animaux pour entrer dans le milieu de garde; manipuler de petits jouets lorsque l’habillement est finalisé; se laver les mains en accomplissant le défi de faire la grimace; jouer aux devinettes…
- Faire preuve de flexibilité : accepter qu’un enfant laisse sa construction en blocs inachevée sur la tablette pour plus tard. Attention toutefois aux compromis, vous devez avoir des limites claires. (Maude Dubé)
- Offrir une responsabilité durant la transition : « Veux-tu apporter le ballon pour les jeux extérieurs ? »; demander à un enfant pour aider l’autre à mettre ses bottes; distribution des bacs douceur à la sieste…
- Formuler les demandes de manière positive : « Tu pourras jouer dans les coins une fois que tu auras nettoyé ta place à la table. »
- Offrir deux choix à l’enfant pour lui donner un certain pouvoir sur la situation : « Tu mets ta première botte et je mets la deuxième, ou l’inverse ? ».
- Accepter l’imperfection de la situation : bruit, répétition des consignes, conflits… et utiliser une voix posée ou chuchotée qui attirera davantage l’attention (Nicole Malenfant).
Il peut être bénéfique d’ajuster certaines procédures :
- Privilégier des transitions progressives lorsque cela est possible : un enfant ayant terminé de s’habiller peut aller dehors sans attendre que tous les autres enfants de son groupe aient fini, car un adulte y est présent pour le ratio; l’enfant ayant terminé sa collation peut aller dans un coin jeu…
- Proposer des transitions individualisées pour le lavage de mains dans le local, pour l’installation à la sieste…
- Demander l’aide d’une collègue lors de l’habillement avec des petits ou lorsque quelques enfants nécessitent davantage de soutien.
Enfin nous pouvons transformer une transition en une sorte de rituel qui est une façon particulière d’aborder un moment de vie pouvant susciter joie, sentiment d’appartenance et sécurité intérieure alors que l’enfant reconnaît et parvient à maîtriser les consignes. (BC La Trottinette carottée)
Étant donné que ces moments de transition font partie du quotidien, aussi bien les percevoir comme autant d’occasions d’apprentissages et de moments à partager le plus agréablement possible.
Bonnes transitions !
Dany Massé
Intervenante en petite enfance, Bachelière en psychoéducation
BC La Trottinette carottée, « Les routines, les transitions et les rituels », www.latrottinettecarottée.com
Maude Dubé, « Pas toujours facile les transitions », www.educatout.com
Nancy Doyon, « Comment favoriser la collaboration des enfants lors des transitions », www.sosnancy.com
Nicole Malenfant, « Comment agrémenter les moments d’attente », www.nicolemalenfant.com