Plus le répertoire de mots chez l’enfant est grand, plus il sera en mesure de comprendre, de se faire comprendre, et de bien apprendre.
Les enfants en bas âge dépendent essentiellement du contact avec le langage oral pour apprendre de nouveaux mots et leur signification. Pour se faire, privilégier un environnement pas trop bruyant, où l’enfant entend une variété de mots, écouter et décoder les signes de communication de l’enfant : sons, gestes, sourires, regards, pleurs… et lui apposer les mots. Offrir un environnement où on nomme les objets, les actions, les émotions, on veille aussi à y ajouter des descriptions (couleurs, formes, grosseurs etc…). Tout cela contribue à garnir son répertoire de mots.
Voici des idées pour augmenter le vocabulaire :
- Jouer avec les mots : Les chansons; Les comptines avec gestes; Les jeux de devinettes : jeu « Qui suis-je? ; Faire trouver un objet, un personnage »; « Ni oui, ni non »; « Je vais au marché et j’achète… »; Trouver les mots qui commencent et/ou finissent avec le même son; Jeu de table avec images/mots; Nommer les formes des objets usuels tels que la table rectangulaire, le tapis de forme ovale, le coussin carré, le chapeau de fête conique…
- Jeu de marionnettes; aires de jeu avec matériel suscitant les conversations
- Plusieurs livres variés et accessibles, dans un coin lecture attrayant (fauteuil, coussins, peluches…), au moins une heure / jour et y rejoindre un enfant qui y regarde un livre, lui démontrer notre intérêt, susciter l’interaction à propos du livre
- Visiter des lieux et commenter (bibliothèque, musée…); cuisiner (verser, mesurer, mélanger…), bricoler; se balader dans le quartier et nommer ce qu’on observe; faire des sciences naturelles : jardiner (vocabulaire associé); comparer poids, grandeur, quantité…)[1]
- Affiches avec mots et images correspondantes
- Environnement calme où on permet aux enfants de parler avec l’adulte et les autres enfants 70% du temps dans une journée
- Poser fréquemment des questions auxquelles les enfants portent intérêt à répondre
- Inviter et aider les enfants à communiquer entre eux, à utiliser leurs mots lors d’un conflit, à s’excuser, à nommer ce qu’il décode comme signaux, identifier l’émotion sur le visage de l’autre
- Ajouter dans nos phrases des adjectifs, des adverbes, des mots nouveaux ou non familiers et les expliquer ex : brouillard [2]
Le jeu interactif entre pairs favorise les compétences de développement du langage et de la littéracie : négociation des rôles, proposition d’idées, maintenir son idée… « Dans les programmes destinés aux enfants issus de familles à faible revenu, le jeu guidé est associé à un meilleur développement du vocabulaire actif et passif que le jeu libre ». [3]
La lecture de livres d’histoires illustrés et attrayants, par l’adulte, de façon interactive, est démontrée comme un moyen efficace pour augmenter le vocabulaire d’enfants d’âge préscolaire. On peut y décrire et faire expérimenter par les enfants les mots rencontrés Exemple : bondir, sautiller…
« Les enfants ont besoin d’occasions d’échanger avec des adultes et de recevoir des retours de la part de ces derniers afin de développer leurs compétences langagières. »
C’est ce qu’on appelle des conversations. Des études montrent que les conversations permettant une expression plus grande des enfants sont rares en petite enfance et au primaire. Les échanges sont souvent dominés par les adultes et constitués principalement de consignes. [4]
Pour qualifier un échange de « conversation », on doit observer minimalement
4 interactions entre les deux interlocuteurs, c’est-à-dire :
- Un émetteur qui questionne ou commente,
- Un récepteur qui répond ou commente,
- L’émetteur qui pose une autre question ou émet un commentaire et
- Le récepteur d’y répondre à nouveau.
Voici ce que nous observons très souvent :
- Une question de l’adulte,
- Une réponse de l’enfant,
- Parfois une autre question ou commentaire et l’attention de l’adulte est détournée, court-circuitant la possibilité pour l’enfant de répondre ou commenter.
En contexte de groupe ce n’est pas simple de rester attentif et attendre la réponse de l’enfant ! Cela demande du temps et de la disponibilité. Cela demande aussi de saisir certains moments de la journée pour favoriser la conversation : les repas/collations, les activités, les jeux libres intérieurs et extérieurs, la lecture interactive de livres, les balades, le moment de l’accueil…
« Les conversations reposent sur trois piliers » [5] :
- La modélisation d’un langage riche: proposer un grand nombre de mots, variés (noms, adjectifs, adverbes…), des nouveautés…
- Le recours à des questions ouvertes (comment, pourquoi, quand, quels …) qui invitent les enfants à décrire et à en dire davantage que répondre oui ou non
- Des retours suscitant une réponse/un échange: valider l’idée amenée par l’enfant tout en reformulant avec un ajout d’adjectif, d’adverbe pour agrandir son répertoire; ou ajouter une idée nouvelle, une information à la réponse de l’enfant
Selon l’ELDEQ « …le personnel éducateur encourage les enfants à communiquer et à converser tout au long de la journée. Et dans la plupart des milieux, la lecture d’histoires est intégrée à la routine quotidienne. Cependant, le nombre de livres disponibles (accessibles à l’enfant) est limité et le niveau de langage employé par le personnel encourage d’une façon minimale à développer le vocabulaire et la compréhension des concepts et des relations logiques.[6]
Un programme de prévention des difficultés de langage et de lecture
Nous savons que les compétences en lecture sont la clé d’une intégration réussie dans notre société. Lors de l’entrée à la maternelle, l’enfant possède généralement des habiletés qui le prédispose à l’apprentissage de la lecture. Toutefois ces habiletés vont varier selon la stimulation reçue des parents et des personnes qu’il a côtoyés.
« Nous observons, en effet, une inégalité alarmante entre les enfants de différents milieux quant à l’étendue et à la richesse de leur vocabulaire, facteur essentiel d’un bon apprentissage de la lecture. Surmonter cette première inégalité représente donc un énorme défi et souligne l’importance de mettre l’emphase sur le développement explicite du vocabulaire avant les premières années de scolarité, et ceci, particulièrement pour les enfants issus de milieux moins stimulants. » [7]
Le programme « Les Aventures de Mimi et ses amis » propose aux enfants de 4 ans, la lecture de 30 livres d’histoire spécifiquement conçus, écrits et illustrés à partir d’un corpus de mots connus par des enfants de milieux favorisés, mais inconnus pour des enfants de milieux défavorisés. Chaque livre introduit 5 à 6 mots qui sont suivis d’exercices visant le rappel, la discrimination et la généralisation des nouveaux mots. [8] [9]
Les activités d’enseignement explicite de vocabulaire proposées ici (on offre un modèle, les enfants participent de façon engagée, puis y’a soutien dans le quotidien), peuvent venir enrichir une approche où l’apprentissage actif demeure central et s’avérer une démarche prometteuse pour augmenter l’égalité des chances des enfants provenant de milieux moins stimulants. [9]
[1] Naître et grandir, Le développement du langage chez l’enfant de 1 an à 3 ans, https://naitreetgrandir.com/fr/etape/1_3_ans/langage/ik-naitre-grandir-developpement-langage-parole-enfant-1-3-ans/
[2] Naître et grandir, Le développement du langage chez l’enfant d’âge préscolaire, https://naitreetgrandir.com/fr/etape/3-5-ans/langage/ik-naitre-grandir-developpement-langage-parole-enfant-prescolaire/
[3] Rebecca J. Bultsky-Shearer, PH.D., Elizabeth Campos, B.A., Catherine Rizo, B.A., Angelina Andrew, “Le jeu à la maison et à l’école, facteur naturel de la littératie précoce et du développement du langage des enfants d’âge préscolaire, « University of Miami, Department of Psychology, EU, Novembre 2024
[4][5] Barbara A.Wasik, Ph.D., Annemarie H. Hindman, Ph.D., « Laisser les enfants parler : des stratégies visant à favoriser l’acquisition précoce du langage et du vocabulaire par l’intermédiaire de la conversation », Temple University, États-Unis, University of North Carolina-Chapel Hill, EU, novembre 2024
[6] Japel C. et al., « La qualité ça compte ! », Résultats de l’ELDEQ, 2005
[7][8] Japel C. et al., « Comment faciliter le développement du vocabulaire
chez les jeunes enfants à risque ? » Une approche basée sur la recherche, Rapport CCA, 2012
[9] Centre Abilio, Programme Les aventures de Mimi et ses amis, www.centreabilio.ca https://centreabilio.ca/programme/les-aventures-de-mimi-et-ses-amis/