Jasmine a 10 ans. Tous les jours, elle se fait traiter de pute à l’école par les garçons. Elle se fait frapper et pousser dans les corridors. On rit d’elle et de ses vêtements. Elle passe ses récréations seule dans son coin. Jasmine est triste, elle a peur. Olivier a 6 ans. Il joue avec ses voisins dans la ruelle, un peu plus âgés que lui. Un des voisins commence à lui faire du chantage. S’il n’apporte pas des bonbons à tous les enfants du voisinage, il n’aura plus le droit de jouer dans la ruelle et aucun enfant ne lui parlera. Olivier est triste mais obéit car il ne veut pas se retrouver seul.
Pourquoi l’intimidation ?
L’intimidation n’est pas un nouveau phénomène mais on en parle davantage. Pourtant, même si on s’y dit plus sensibles comme parents et intervenants, elle perdure et fait chaque jour des victimes. Les causes sont variées…
Chez l’intimidateur :
- Avoir été soi-même intimidé
- Manque de confiance en soi qui pousse à dominer l’autre pour se remonter
- Besoin de se valoriser aux yeux des autres
- Jalousie
- Manque d’empathie
- Vouloir ce que la victime possède : friandises, lunchs, chaussures de sports, appareil électronique, etc.
Chez la victime :
- Manque de confiance en soi
- Manque d’affirmation de soi
- Isolement
Chez l’entourage :
- Manque d’encadrement et de supervision
- Banalisation de l’intimidation et de ses conséquences
- Impuissance
- Manque de leadership
- Avoir été victime d’intimidation ou intimidateur par le passé
Bien sûr, chaque personne est unique et il est difficile de faire le portrait exhaustif de la situation mais les divers éléments énumérés ouvrent la réflexion sur les actions à poser.
Notre rôle en tant qu’adultes
Notre rôle premier en tant qu’adultes est de protéger nos enfants. Il est de notre devoir d’intervenir, tant auprès de la victime que de l’intimidateur car les deux ont besoin d’aide. Il est essentiel de croire la victime, de lui apporter un soutien émotionnel et de mettre en place des mesures de protection. Les sentiments de sécurité et de confiance doivent être donnés à l’enfant victime. Il doit savoir qu’il peut compter sur l’aide d’adultes et que si la situation venait qu’à se reproduire, il serait aidé et protégé. Si les adultes eux-mêmes n’osent pas intervenir pour faire cesser l’intimidation, cela communique un sentiment d’impuissance à l’enfant victime. Pour ce qui est de l’intimidateur, il est essentiel de lui transmettre un message clair quant à la non tolérance face à son comportement et la cessation immédiate de toute action intimidatrice. Ensuite, il faut tenter d’identifier avec lui si possible les causes de ses comportements d’intimidation pour intervenir directement sur ce qui ne va pas et l’outiller pour mieux interagir avec les autres. Enfin, il est souhaitable que des conséquences soient mises en place, afin d’envoyer un message clair à l’enfant et prévenir une récidive des comportements. Le rôle de l’école ou du service de garde ne se limite pas à intervenir auprès de l’enfant intimidateur mais aussi à rencontrer les parents afin que ceux-ci soient informés de la situation réelle et non d’avoir accès uniquement à la version de leur enfant, qui viendra bien souvent minimiser ses gestes. Rencontrer les parents permet aussi d’évaluer le milieu familial et de constater bien souvent que ces derniers banalisent les comportements d’intimidation de leur enfant, ce qui vient favoriser leur maintien dans le temps. Idéalement, une intervention concertée a lieu entre la victime et ses parents, l’intimidateur et ses parents, et l’école ou le milieu de garde. Lorsqu’il y a refus de collaboration de la part de l’intimidateur et de ses parents, c’est au milieu éducatif à trancher et prendre des mesures d’exclusion envers l’enfant intimidateur afin de non seulement protéger la victime, mais aussi les autres enfants qui pourraient éventuellement devenir ses cibles. Certains parents choisissent aussi d’éloigner leur enfant victime d’intimidation dans le but de le protéger, en le changeant d’école ou en l’empêchant de côtoyer certains enfants qui le malmènent dans le quartier. Dans tous les cas, il est essentiel que l’enfant ne se retrouve pas isolé et que vous l’aidiez à se faire un nouveau réseau d’amis dans lequel il pourra se sentir bien.
Prévenir pour moins intervenir
Plusieurs milieux éducatifs adoptent des règles claires en ce qui a trait à l’intimidation. C’est un bon début et il est incontournable que les enfants et les parents soient sensibilisés à la procédure qui en découle. Ensuite, un atelier de prévention dans les classes est bienvenu, afin de comprendre pour les enfants de quoi il s’agit et qu’ils puissent eux-mêmes alerter les adultes lorsqu’ils en sont témoins. Comme adultes, nous sommes responsables d’encadrer nos enfants et de surveiller ce qui se passe. Les enfants ont moins tendance à intimider lorsqu’un adulte se trouve dans les parages. Une bonne communication avec nos enfants permet de savoir rapidement lorsque quelque chose ne va pas. Enfin, favoriser une bonne estime de soi chez nos enfants et leur enseigner le respect des autres, ça commence à la maison…