Sylvie Bourcier, intervenante en petite enfance
Mai 2013
www.aveclenfant.com
L’impact des écrans sur le développement du langage chez le jeune enfant[1]
Pour apprendre, le petit a besoin d’échanges. Les activités de l’enfant doivent être associées au langage. Le langage dans l’action permet à l’enfant d’associer les situations, les gestes, les choses du quotidien aux mots.
L’écran donne de l’information si l’enfant écoute et si le niveau de langage utilisé est adapté, mais il ne répond pas. Comme il est triste de voir un petit qui appelle son personnage favori en s’adressant à l’écran indifférent !
La télévision peut aussi devenir une pollution sonore, car elle couvre les bruits familiers. Or, l’écoute attentive des sons émanant des activités domestiques et la discrimination des mots prononcés par les personnes de l’entourage sont des éléments essentiels pour le développement du langage du bébé. Lorsque son papa et sa maman identifient l’origine d’un bruit, les nomment, ils peuplent son monde de découvertes. Ses habiletés auditives peuvent alors se développer. Si l’environnement sonore est dépollué, il devient porteur de sens.
Et que penser des DVD d’éveil pour les bébés ?
Les bébés exposés à ce type de stimulations prononcent à 18 mois moins de mots que ceux qui n’y sont pas exposés. Christakis et Zimmerman, de l’Université de Seattle, concluent que les nourrissons qui ont été placés devant un DVD d’éveil cognitif voient leur capacité linguistique ralentir à raison de 8 à 16 mots de moins que ceux ne l’ayant pas regardé. Pour s’assurer qu’il s’agit de bonnes émissions, bien adaptées au bébé, les mêmes chercheurs ont comparé les effets de DVD et de vidéos dits spécialisés pour bébés, d’autres d’adressant aux adultes, des émissions de divertissement et, enfin, d’autres à vocation éducative. Ils ont découvert que les émissions dites adaptées n’avaient pas plus d’effets positifs sur le développement du langage que celles ne s’adressant pas spécifiquement aux tout-petits. En revanche, ils associent, comme bien des spécialistes, le fait de lire ou de raconter une histoire à une habileté linguistique importante.
Ce sont là des raisons qui expliquent les recommandations de Serge Tisseron, spécialiste des effets des écrans sur les enfants : pas d’écran avant l’âge de 3 ans. Quant à l’American Academy of Pediatrics, elle recommande d’éviter la télévision avant l’âge de 2 ans. Et la Société canadienne de pédiatrie ? Écoute d’une heure maximum pour les enfants d’âge préscolaire.
[1] Tiré de L’enfant et les écrans. Sylvie Bourcier, Éditions Chu Sainte-Justine, 2010.