Lyne Archambault, éducatrice – formatrice
Octobre 2013
www.aveclenfant.com
Être une éducatrice et travailler auprès des poupons, sans toutefois agir avec eux comme dans une manufacture, est souhaitable et devrait être notre leitmotiv. C’est vrai : s’occuper de 5, 10 ou 15 dans un même local, c’est tout un défi ! Avec notre équipe de travail ou seul pour cinq bébés, on doit prendre le temps de vivre avec les petits. En d’autres mots, le bébé est notre partenaire !
Voici le premier principe du livre Le Bébé en Services Éducatifs .C’est certain me direz-vous, mais dans les faits. Prenons-nous le temps qu’il faut pour considérer le bébé comme une personne et un partenaire ? Dans tous les horaires et les routines, est-ce que nous lui donnons le temps d’attendre sa réponse, par son regard : son approbation ? Le temps de réaction est plus lent chez le petit. Ainsi, la patience est souvent demandée comme qualité première pour être une éducatrice, surtout quand il vient le temps d’attendre la collaboration des petits.
Alors si le bébé est mon partenaire, je lui demande pour le prendre, et même si le temps me presse je ne le prends JAMAIS de dos… Je le préviens en lui disant ce que l’on va faire. Je fais équipe avec lui pour son habillement pour la sortie en lui donnant la chance de participer. En rentrant, profitez de ce temps, car le petit adore tirer son chapeau, ses mitaines et Bravo magie tout est enlevé et c’est lui qu’il l’a fait !! Valorisez notre ami, il se gonflera de fierté.
Je lui montre et lui dis ce qu’il va manger. On touche le plat, on regarde le repas, on sent l’odeur du poisson et on présente la soupe par exemple, voilà de belles façons d’éveiller nos cinq sens. De plus, je le fais patienter au repas en connaissant ses limites et je souligne ses progrès. Je lui parle en préparant son repas, je chante pour le faire patienter tout en préparant le repas. Je lui parle si je dois le rassurer, je nomme chaque enfant en distribuant les plats. Je lui souhaite bon appétit mon ami .Je suis assise avec lui à la table et non comme une serveuse qui s’exécute.
J’ai toujours le bébé que je nourris devant moi et mon regard est vers lui, si je dois m’éloigner je l’avertis. En lui laissant sa cuillère et moi la mienne pour lui donner des bouchées entre les siennes, le petit participe ainsi à son repas. Les petits comme dans un souper de famille sont capables d’attendre leur repas, nous formons une équipe nous nous respectons mutuellement.
Je ne fais rien à sa place sans lui donner la chance de le faire seul et attendre si il a besoin de moi, par une question je lui demande si il a besoin de mon aide. Pour le respecter, je ne dérange pas le petit qui est occupé à explorer. Je ne crée pas de besoin si il est occupé à explorer à sa façon. Son temps d’exploration est unique à lui et précieux. S.V.P. ne pas déranger bébé travaille !!!! Son environnement est sans visiteur non annoncé, la circulation est limitée pour éviter une ambiance de cirque. L’éducatrice est là pour lui, et non l’inverse !
Appeler le petit par son prénom, lui parler, respecter son rythme biologique, l’observer sans comparaison et surtout sans commenter devant les bébés sont des attitudes gagnantes. Le changement de couche est une occasion pour le faire participer, attendre son approbation du regard, lui demander de tenir sa couche, le regarder et échanger avec lui et juste avec lui !
Le lavage des mains au lavabo pour la collation et le repas est une routine. J’invite le petit qui n’est pas occupé à venir laver ses mains. Dès mon invitation lancée, il vient vers moi. Je préviens l’ordre des enfants qui attendent leur tour ! Les amis s’occupent et peu à peu tous les amis se retrouvent à la table pour manger.
Toutes les routines deviennent des moments privilégiés à partager avec eux à chacun leur tour. Il faut à la fin de ma journée d’éducatrice que chaque enfant ait reçu du temps seul avec moi et surtout du temps de qualité…Que ce soit pour être bercé pour le dodo, pour un jeu de coucou avec la débarbouillette ou pour un fou rire échangé ; il faut s’arrêter à observer tout ce petit monde. De plus, grâce à de belles observations auprès des enfants, les cahiers de communication seront plus intéressants et pertinents à lire pour leurs parents.
Dans le livre Le Bébé en Services Éducatifs, une liste de pratiques souhaitables pour chaque principe se retrouve. Voici donc un outil merveilleux pour évaluer notre pratique et se créer des objectifs seul ou en équipe, afin de revoir notre organisation et que nos actions reflètent nos pensées. On le sait que le bébé est une personne et un partenaire, mais dans l’action peut-être c’est facile d’oublier. Nous devons y penser….et surtout prendre du temps !!! Bonne réflexion !
Référence : Le Bébé en Services Éducatifs de Jocelyne Martin, Céline Poulin et Isabelle Falardeau éditions : presses de l’université du Québec.