Par Sylvie Garceau
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Que la question soit posée directement, indirectement ou qu’elle reste dans la tête du parent, il n’en demeure pas moins que l’éducatrice, par son rôle éducatif, est souvent amenée à répondre à cette grande question posée par le parent. Mon enfant est-il prêt pour l’école ?
D’une part, l’éducatrice subit une certaine pression pour bien répondre à cette question. Elle doit accueillir les inquiétudes du parent sans toutefois s’encombrer de cette charge seule. Toutefois, elle doit démontrer ses habiletés professionnelles à soutenir l’enfant dans son développement global. D’autre part, l’inquiétude du parent pour la réussite scolaire de son enfant est tout à fait légitime. Voulant le meilleur, il cherche à lui permettre de vivre une expérience positive qui l’amènera de se réaliser pleinement au cours des prochaines années.
Une vision commune
L’éducatrice et le parent ont un rôle important à jouer dès la plus tendre enfance afin de créer un environnement stimulant, riche, chaleureux et sécurisant pour l’enfant, ce qui lui permettra de vivre des expériences variées et ce, dès son jeune âge. Il est « crucial que l’enfance ne soit pas perçue comme une simple période préparatoire à l’école et à l’âge adulte, mais comme une période privilégiée pendant laquelle le bien-être et le développement harmonieux du jeune enfant sont des objectifs en eux-mêmes.» (Moisan, 2013, page 8) Dans cette perspective, il est important de considérer le développement de l’enfant dans sa globalité et de tenir compte de tous les domaines qui sont interreliés. «Si un bon développement global ne doit pas avoir pour seul but la préparation à l’école, il est clair que l’enfant qui jouit d’un bon développement global a toutes les chances de profiter pleinement de l’école comme milieu de vie et d’apprentissage.» (Moisan, 2013, page 8)
En clair, il ne faut pas s’attendre à ce que l’enfant acquiert seulement des habiletés académiques comme la littératie ou la numératie pour être fin prêt à l’école, mais qu’il acquiert des habiletés au regard de son développement global. De plus, il est nécessaire de laisser le temps à l’enfant d’acquérir les habiletés nécessaires à son développement selon son rythme d’apprentissage. Donc, attention au piège de la scolarisation précoce où l’enfant est alors mis dans une situation de stress qui lui demande de fournir un effort indu. S’il ne possède pas les habiletés nécessaires pour accomplir la tâche demandée, il vivra un échec.
Le jeu: élément à ne pas négliger
Le jeu est le moteur des apprentissages de l’enfant. Expliquer son importance permet au parent de mieux comprendre l’impact du jeu à travers le développement. «Les activités ludiques servent d’assises solides aux concepts scolaires qui seront abordés plus tard.» (Bourcier, 2006, p.150) Ainsi, l’éducatrice doit offrir une planification hebdomadaire variée, ludique et qui tient compte des besoins et des intérêts individuels et de groupe. C’est à travers le jeu que l’éducatrice pourra observer les progrès de l’enfant. La diversité des jeux (extérieurs, d’équipes, coopératifs, de société, de manipulation, sensoriels, de construction, symboliques (faire semblant), etc.) et du matériel permettent à l’enfant de relever des défis adaptés à sa capacité développementale, à préserver sa curiosité naturelle et à parfaire ses connaissances du monde dans lequel il évolue.
Des pratiques à adopter pour l’éducatrice
Rassurer le parent en le sensibilisant à l’un des objectifs du programme éducatif Accueillir la petite enfance: «En lui proposant toutes sortes de stimulations, les services de garde favorisent l’actualisation du potentiel de l’enfant et lui offrent la possibilité d’acquérir plusieurs attitudes ou habiletés qui lui seront utiles au moment de l’entrée à l’école.» (Accueillir la petite enfance, 2007, p.9) De plus, les services de garde éducatifs du Québec portent également la mission «de prévenir l’apparition ultérieure de difficultés d’apprentissage, de comportement ou d’insertion sociale.» (Accueillir la petite enfance, 2007, p.5).
Expliquez dans des termes simples et concrets comment le geste de l’enfant à travers les moments de vie et les périodes de jeux viennent consolider les apprentissages de l’enfant au regard de son développement global. Affichez les intentions pédagogiques à travers votre planification quotidienne.
Nommez aux parents les progrès de l’enfant et des manifestations de son développement global. Pour ce faire, l’éducatrice doit réaliser de nombreuses observations tout au long de l’année et dans des contextes différents afin de livrer un portrait juste du développement global de l’enfant appuyé d’exemples concrets et de faits. Rassurez le parent en lui indiquant que son enfant fonctionne bien et qu’il démontre de l’autonomie dans les différents moments de vie.
Expliquer au parent que la maternelle (préscolaire) est une période de transition vers la première année (scolaire) et qu’elle comporte 6 compétences (Programme de formation de l’école québécoise, 2006, page 53), à développer en vue de se préparer aux années suivantes. Cette transition permet donc à l’enfant de poursuivre ses apprentissages et de consolider ceux déjà appris. Chaque période distincte est utile en soi dans le cheminement vers la vie scolaire, tout comme celle de la petite enfance.
Adoptez un programme d’habiletés sociales et présentez-en les bienfaits aux parents. De plus, accompagnez l’enfant à travers les étapes de la résolution de problèmes, ce qui lui permettra de faire un pas de plus vers l’autonomie. Aussi, reconnaissez l’enfant comme un être unique ayant des caractéristiques personnelles, valorisez l’expression et la reconnaissance des sentiments et respectez le rythme d’apprentissage de chacun.
À retenir pour le parent
«Si l’éducatrice de votre enfant vous affirme qu’il fonctionne de façon autonome et efficace, qu’il se développe harmonieusement, qu’elle souligne ses progrès régulièrement, cela peut être un bon indicateur de base.» (Bourcier, 2006, p.151)
«On considère qu’un enfant réussit à l’école quand il adopte une attitude positive envers l’école et l’apprentissage; quand il établit des liens sociaux positifs avec les enseignants et les camarades de classe; quand il se sent à l’aise, vit des émotions positives, participe à la classe et quand on observe une réussite et des progrès au plan scolaire.» (Tremblay, Boivin, Peters, 2017)
Références
Ministère de la famille. (2013). Garder le cap sur le développement global des jeunes enfants: L’importance des mots utilisés pour parler de l’Enquête québécoise sur le développement des enfants à la maternelle. Repéré à https://qualitepetiteenfance.uqam.ca/upload/files/garder-le-cap-final.pdf.
Bourcier, Sylvie. (2006). Le grand monde des petits de 0 à 5 ans. Montréal : Éditions du CHU Sainte-Justine.
Ministère de la famille et des Aînés. (2007). Accueillir la petite enfance: le programme éducatif des services de garde du Québec Mise à jour. Direction des relations publiques et des communications Ministère de la Famille et des Ainés.
Préparation à l’école : Synthèse. Dans: Tremblay RE, Boivin M, Peters RDeV, eds. Encyclopédie sur le développement des jeunes enfants [en ligne]. http://www.enfant-encyclopedie.com/preparation-lecole/synthese. Actualisé : Juillet 2017. Consulté le 5 novembre 2018.
Ministère de l’éducation. (2006). Programme de formation de l’école québécoise: Le virage du succès ensemble. Version approuvée.