Est-il permis dans votre milieu de garde de jouer à la guerre, à l’épée et même de faire semblant d’être un voleur imaginaire. Plusieurs éducatrices se questionnent sur le sujet. Est-ce que je peux laisser les enfants jouer à de tels jeux et penser que leur jeu est éducatif? Est-ce que je dois orienter le jeu vers autre chose? Est-il nécessaire que l’enfant s’amuse à ce type de jeu pour se développer normalement?
Dois-je penser que si l’enfant de 3 ans s’amuse à des jeux de défoulement, il en éprouve un réel besoin. Une éducatrice d’un CPE à Laval a su bien répondre à mes questions. Étant dans le milieu depuis 25 ans, elle observe que les enfants n’ont pas assez d’occasion pour les jeux de grande motricité. Le jeu de défoulement n’est pas toujours vu comme lieu d’apprentissage par l’éducatrice. L’application du programme « Jouer c’est magique » dans les services de garde amène l’éducatrice à travailler en atelier mais elle oublie que l’activité grand jeu en fait partie aussi. Ce type de jeu amène l’enfant à exploiter le jeu moteur sous une toute autre forme. Le défoulement sous forme de jeu permet à l’enfant de confronter ses peurs, d’équilibrer ses énergies, de contrôler son corps dans ses élans moteurs, de travailler son imaginaire lorsqu’il se transforme en personnage, de respecter différentes consignes, d’être en relation avec les autres, de trouver des stratégies pour déjouer l’autre. Mais aussi c’est une façon de libérer l’enfant d’un trop-plein de frustration. Il est souvent mal vu dans le milieu de garde de laisser les enfants jouer à l’épée, sous prétexte de jeu violent. Alors qu’il en n’est rien pour l’enfant; il ne fait que reproduire ce qu’il peut voir lors d’un programme de télévision ou simplement avoir entendu ses parents parler d’un évènement tragique connu de l’actualité. L’enfant a parfois besoin pour mieux comprendre de le vivre avec son corps.
Est-ce normal direz-vous ???? Mais oui, ses gestes répétés l’aident à exprimer ce qu’il ressent. L’éducatrice rencontrée raconte que durant plusieurs années elle interdisait ce jeu afin d’éviter les conflits dans son groupe de 3 ans. Erreur dit-elle…. En effet le besoin était devenu tellement grand puisqu’il était interdit, les enfants se cachaient dans le vestiaire pour s’adonner au jeu défendu. Elle rapporte également que les fusils étaient interdits au CPE même ceux fabriqués par les enfants. Un jour, Jonathan un enfant de son groupe s’amusait avec un rouleau d’essuie- tout, il s’imaginait que l’objet était son fusil pour tirer sur les monstres. Elle rappelle à Jonathan que les fusils sont interdits à la garderie, l’enfant lui répond sans hésiter mais ce n’est pas un fusil c’est une fleur…