Depuis plusieurs années, nos services de garde éducatifs à l’enfance (SGÉE) accueillent dans leurs établissements des enfants issus de familles nouvellement arrivées au Québec.  Considérant les enjeux actuels de notre société, il y a fort à parier que le nombre de familles immigrantes continuera de croître.  Conséquemment, une attention particulière doit être portée à l’inclusion de tous les enfants comme ceux provenant de familles d’origines et de cultures différentes, dont les arrivées se poursuivront dans les SGÉE du Québec.  Or, leur intégration dans leur groupe d’appartenance au SGÉE n’est pas faite sans obstacle.  Un des défis auquel ils peuvent parfois faire face est l’apprentissage d’une langue seconde, le français.  Dans ce contexte, comment le personnel éducateur peut-il faciliter l’apprentissage du langage chez l’enfant et par le fait même stimuler les interactions sociales ?  Pour mieux comprendre et adapter ses interventions, voici quelques conseils.

Si vous intégrez dans votre groupe un enfant qui est exposé à deux langues différentes, il est bien de l’aider à apprendre celles-ci.  Vous pouvez tout d’abord encourager les parents à utiliser leur langue maternelle à la maison, si rassurante, et avec laquelle il leur est facile de maintenir des interactions chaleureuses avec leur enfant.  En effet, cette pratique favorisera, chez l’enfant, la maîtrise des bases de la langue parlée à la maison, ce qui facilitera l’apprentissage d’une autre langue.  En complément, le français sera la langue à laquelle il sera exposé au SGÉE.  Au début, il pourrait parler peu ou pas, mais peu à peu, il commencera à comprendre et à utiliser cette autre langue.  De ce fait, il importe que l’adulte en présence de l’enfant respecte son rythme et adopte une attitude bienveillante à son égard.

Quelques stratégies pour soutenir et stimuler le langage et les interactions

Les attitudes

  • Favoriser la motivation de l’enfant à apprendre une autre langue en étant soi-même positif et fier des langues parlées;
  • Éviter de mettre de la pression pour qu’il écoute, comprenne ou réponde avec l’une ou l’autre des langues – rendre l’enfant à l’aise dans son nouvel environnement inconnu et maintenir un faible niveau d’angoisse;
  • Encourager l’enfant à communiquer et se montrer enthousiaste à ses réponses, et ce, même si sa production langagière comporte des erreurs ou un mélange des langues – valoriser l’effort qu’il fait pour interagir et lui donner confiance en lui-même.

L’environnement

  • Lui donner le plus possible des occasions d’être en contact, d’entendre et de parler la langue qu’il apprend;
  • Il est judicieux d’offrir de bons modèles, dans la langue que vous maîtrisez le mieux, qu’il pourra imiter par la suite;
  • Lorsque vous parlez, raccourcir vos phrases, mettre l’accent sur les mots importants en exagérant le ton de la voix par exemple, parler lentement et utiliser les gestes et les images pour appuyer vos paroles;
  • Apprendre quelques mots de la langue maternelle de l’enfant ou lui parler dans sa langue si vous le pouvez peut le réconforter et faciliter vos communications lors de la période d’intégration;
  • Jumeler, si possible, l’enfant avec ceux qui parlent la même langue ou qui sont bilingues. Cette stratégie favorisera la création de liens entre eux;
  • Exposer l’enfant à un vocabulaire riche en nommant les objets et en décrivant des événements et contextes significatifs qui font partie de l’univers de l’enfant;
  • Développer ce qu’il dit en ajoutant de nouveaux mots ou de nouvelles informations à son propos;
  • Aider l’enfant à trouver les mots qu’il cherche en lui donnant seulement le début pour qu’il le termine seul par exemple.

Les activités

  • Chanter, raconter et lire des histoires dans la langue maternelle de l’enfant pour préserver les bases de celle-ci et dans l’autre langue pour en stimuler l’apprentissage de manière amusante;
  • L’inviter à partager des chansons, des comptines, des histoires et des mots de sa langue maternelle avec les autres enfants du groupe et avec vous-même;
  • Promouvoir les jeux de rôle où l’enfant pourra combiner ses habiletés verbales et non verbales, ses gestes et le matériel pour interagir dans un contexte ludique et sans pression;
  • Planifier des occasions où l’enfant est amené à raconter ses expériences et son vécu dans la langue qu’il apprend. Raconter ce qu’il a fait lors de la période des jeux du matin par exemple;
  • Chanter vos consignes ou de petites phrases d’usage fonctionnel permettra à l’enfant de les retenir et de s’en servir pour communiquer. Chanter : « Bonjour ! Comment vas-tu ? », par exemple.

Le langage facilite l’interaction qui à son tour stimule le langage !

Sans contredit, n’ayez crainte, le bilinguisme n’est pas un frein au développement du langage !

Sylvie Garceau, enseignante et formatrice